• Le texte d'une amie

     

     

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    Ce texte m'a beaucoup touchée, et, comme beaucoup d'entre nous, il nous arrive de cotoyer des personnes comme elle.

    C'est l'une de mes amies, et je lui offre cette rose, qui en hiver, se dresse fièrement au soleil.

     

     

    "Je suis PAUVRE,

     

    Et oui, je fais partie des nouveaux pauvres, décrétés cette année par le gouvernement français.

     

    Je travaille depuis plus de trente longues années dans la succursale d'une grande entreprise française, employée de bureau qu'ils me nomment.

     

    Je vis seule avec mon enfant, dans la petite couronne de la banlieue parisienne, dans une HLM d'une cité où les dealeurs m'ouvrent la porte, quand je rentre avec ou sans ma fille.

     

    Une ville à métro, comme me le dis mon amie Maryn, pas de bus, ni de RER à prendre pour aller travailler, juste le métro.

     

    Mon travail, c'est à Paris, avant nous étions régulièrement augmentés, c'est à dire tous les deux ans environ.

     

    Depuis, ils ont créé, grâce à ce système d'"évaluation" le travail à la carte, que je nommerai pudiquement à la tête du client, voir à la qualité du cirage.

     

    Dans le temps, je pouvais gâter ma fille, lui acheter les vêtements, les poupées, qu'elle voulait; mais depuis l'avancement dit à l'évaluation, mes revenus n'ont jamais augmentés, alors que mon loyer, l'edf, les courses alimentaires, l'habillement, bref, tous ces postes augmentaient largement, voir explosaient mon budget.

     

    Bref, ma fille a décidé de poursuivre des études de géomètre, comment pourrai je lui dire non ?

     

    Ayant toujours élevé ma fille seule, son père ne l'a pas reconnu, je ne touche aucune aide, car elle a passé les 18 ans.

     

    Les études cela coûte cher, et, comme il y a beaucoup de cours, ma fille ne peu avoir qu'un petit travail à coté.

     

    Comme je vous le dis, mon salaire n'a donc pas augmenté depuis cinq longues années, et il a plutôt baissé, grâce à augmentation des cotisations de ma mutuelle obligatoire. Décrétée obligatoire depuis 2 ans déjà.

     

    Mes revenus baissent de jour en jour, et quand j'entends que le revenu plafond du seuil de pauvreté est de 900 euros par personne, et par mois, là j'en suis sûre, je suis pauvre.

     

    Les crédits que j'ai faits il y a plusieurs années afin de changer ma machine à laver, ma télévision, mon réfrigérateur arrivés à bout de force au bout de quinze longues années, se sont transformés en surendettement, je n'ai pas toujours pu faire face à mes échéances, ni d'ailleurs à celles de mon loyer. Il a fallu payer la fac, 400 euros à débourser d'un coup.

     

    Dois je refuser à ma fille ses études ?

     

    Je ne veux pas qu'elle vive dans ma misère.

     

    La fin du mois, chez moi, c'est le 10 du mois.

     

    Après on vivote, et je mange de moins en moins de viande et de légumes, mais de plus en plus de pâtes, c'est moins cher.

     

    J'ai pris de l'embonpoint, peut être parce que je mange mal aussi.

     

    Mes collègues de travail me font de plus en plus souvent des remarques sur mon look, le fait que je n'ai pas été chez le coiffeur, trop cher, et le fait que je ne mange plus au restaurant avec elles, plus les moyens.

     

    On me délaisse au bureau, je deviens une paria. La peur de la pauvreté fait des ravages.

     

    Je vais travailler la mort dans l'âme sachant que si l'on ne me parle pas, on m'adressera la parole avec condescendance, voir pitié. Avec des phrases commençant bien souvent par "ma pauvre".

    Des "je ne sais pas comment tu fais", "je te comprends", "je n'aimerai pas être à ta place", tous plus toxiques les uns que les autres.

     

    Je rentre directement dans ma banlieue, sans même regarder les vitrines qui se décorent pour noël.

     

    Les dealeurs m'ouvrent la porte en bas de mon immeuble, ce sont les seuls qui me disent bonjour sans condescendance depuis le matin.

     

    Je rentre chez moi, devant ma télévision, et me réchauffe un plat de pâtes.

     

    Ma fille rentre, elle va directement dans sa chambre, elle ne me parle pas.

     

    Elle ne comprends pas pourquoi je ne la gâte plus comme avant, certains de ses camarades de classe ont eux les moyens.

     

    Elle travaille tard, et se met directement sur ses cours ou sur internet.

     

    Ce que je pressent, c'est qu'un jour elle partira sans même regarder en arrière, elle fuira ma pauvreté.

     

    J'ai très peu d'amies, nous sommes toutes dans la même configuration financière, et plus de parents.

     

    Les sorties entre amies sont rares quand on a peu de moyens.

     

    Alors oui, je suis pauvre, pauvre d'argent, pauvre d'affection, pauvre d'amour, pauvre de reconnaissance, etc..."

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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