• L'obsession d'une image (nouvelle)

     

     

    Medellin-029.jpg

     

     

     

     

     

    Elle était belle, jeune et, dans la force de l'âge.

     

    Enfin belle, pour moi, pour toi lecteur, qui sait regarder derrière le masque frigide du critère de la soit disant beauté.

     

    Pour les autres, sa mère, son père, ses frères et soeurs, elle était juste grosse.

     

    Grosse comment me diriez vous ?

     

    Je vous répondrai alors remplis d'amour, de tendresse, mais aussi comblant ainsi les manques d'un non-amour d'elle même, dûs aux regards de ses proches.

     

    Petite déjà, "on" l'a mise au régime, on la pesait, la mesurait encore et encore.

    On l'examinait sous toutes les coutures, parfois un peu trop même.

     

    Dans les regards de ses proches, elle voyait le mépris quand à sa personne. Elle était trop grosse !

     

    Mais elle ne disait rien, gardait tout pour elle seule, se confinant dans ses propres peines, et se rembourrant comme pour mettre un rempart de graisse et de peau tout autour d'elle, se protégeant ainsi du regard des autres, pensait elle.

     

    Seulement, oui, seulement, désormais elle attirait les regards moqueurs, les quolibets, et les "conseils avisés" de personnes "bien pensantes".

     

    Les :

    - tu n'as pas grossi ?

    Voir tout aussi pernicieux :

    - Tu n'as pas maigris ?

    Les :

    - tu sais, tu pourrais faire un régime

    - tu sais, je connais un bon diététicien

    - tu sais, j'ai été dans une bonne maison pour maigrir

    - pourquoi ne fais tu pas de sport ?

    et j'en passe....

     

    Non, elle cachait ainsi sa douleur de vivre, sa douleur d'être.

    Elle se cachait, cachait son propre moi, écrasé devant tant de conventions, qui ne lui convenaient pas, ne lui convenaient plus.

     

    Elle eut beau essayer tout ce qui se faisait comme régimes, maisons médicales, jamais elle ne perdait un gramme.

    Trop de mal-être.

     

    Mais qui était ces personnes, si "bien pensantes", et qui derrière leurs soit disant surnom de "personne bien", pouvaient cacher tant de vilénies lorsque la porte de la demeure familiale se refermait sur elles ?

     

    Comment pouvaient elles démontrer une telle image, alors que ce n'était qu'une image justement ?

     

    Comment dire, comment faire, lorsque l'on se sent différent de ne vouloir dire que sa propre vérité, alors que d'autres pensent qu'il faut tout garder pour soit.

     

    "Être stoïque", combien de fois ne l'avait elle trop entendues ?

     

    Elle voulait être juste elle, elle même.

    Être aimée juste que pour ce qu'elle était, et non pour ce qu'elle semblerait représenter !

     

    Comment a t'elle vécu ?

     

    Par manque d'amour, elle a tout donné, trop donné.

    L'image si importante véhiculée par les magasines de mannequins anoréxiques autour d'elle, en a fait une paria.

    Une fille que l'on ne rencontrait que lorsque l'on en avait besoin.

    Elle connaissait le droit social, ce qui lui valu pas mal de connaissances.

     

    D'amis, elle n'en avait point, aux yeux des uns et des autres, elle était juste pratique.

     

    Elle vivait seule, avec son chat, dans un petit studio.

    Sa vie, réglée comme du papier à musique tenait en son travail d'archiviste dans le sous sol d'une grande entreprise.

    Elle avait bien essayé de changer de travail, mais malgré ses diplômes jamais cela ne marchait, alors elle envoyait à sa place des connaissances qui elles, étaient prises dans la place.

    Comme loisirs, elle avait la bibliothèque, le cinéma, et les restaurants de temps en temps, où elle se rendait toujours seule.

     

    Elle devint l"ignorée".

     

    Quand elle essayait d'intervenir dans un groupe on lui coupait la parole, ou le groupe s'éloignait tout simplement.

    Quand elle prenait le bus, personne ne s'asseyait à ses cotés, et parfois même elle essuyait des quolibets par rapport à son poids.

    Quand elle disait bonjour chez le primeur, personne ne lui répondait.

    Dans son petit immeuble, elle n'écoutait plus les "conseils avisés", alors on ne lui adressait plus la parole.

     

    Un jour, elle fit une rencontre, et cette personne lui promit alors la lune :

     

    - j'ai essayé un nouveau médicament, le "x", et je vais beaucoup mieux. Dans ma peau, comme sur la balance.

     

    Le produit miracle, pensa t'elle alors...

    Elle est allée voir le médecin et a pris consciencieusement son médicament, 3 par jour.

     

    Elle ne l'oubliait jamais, il était vecteur de si belles promesses....

     

    Un jour, elle eut mal au coeur, toute la journée.

     

    Elle avait toujours vécu ainsi, elle était stoïque, le soir venu elle se coucha...

     

    Pour toujours...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « Le cartoscope du mercredi 19 janvier 2011Le cartoscope de jeudi 20 janvier 2011 »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter