• L'histoire d'Emma (nouvelle)

     

     

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    Elle est belle, très fine, grande, élancée.
    Ses manières paraissent d'un autre âge.
    C'est une femme connue, chanteuse de jazz, et égérie de certains photographes.

    Je lui ais bien dit que je n'avais pas les qualités requises, pour écouter tout ce qu'elle avait à me dire.
    Seulement, elle me répondit qu'ele voulait juste se libérer, comme si elle parlait simplement avec une amie.
    Amie qui coupée de son cercle amical, garderait tout pour elle.
    Je décidais alors d'être son déversoir.

    - Je suis née dans le jura, et y ai vécu toute mon enfance dans un petit village à la frontière Suisse.
    Petite ce que j'appréciais le plus était mes promenades dans les bois, en compagnie de mes chiens.
    Mon père était garde chasse, et ma mère s'occupait de nous.
    Nous étions cinq à la maison.
    Comme je suis l'ainée, je me suis souvent occupée des petits, je les amenais à l'acole, et aidait ma mère à préparer le goûter comme les repas.
    Ma mère était admirative lorsqu'elle me voyais repasser, je le faisais mieux qu'elle.
    J'adorais l'école, et tout ce que je pouvais y apprendre.
    Très minutieuse, je prenais un soin particulier de mes livres et cahiers.
    J'aimais rendre service, et surtout j'étais la première en classe le matin, pour remplir les encriers, et nettoyer le tableau.
    Ce que j'ai aimé le plus dans mon enfance ?
    C'est être serviable, sage, et surtout apprendre.
    J'ai toujours cette soif d'apprentissage, de monter toujours plus haut.

    Mes grands parents, paternels et maternels, résidaient aussi dans notre village.
    Je leur rendais souvent visite, et rentrais chez moi avec des chataignes qui sortaient juste du feu, des bonbons, et parfois un peu de monnaie.
    Je rechignais parfois à porter du bois, il était souvent trop lourd, pourtant j'adorais le voir crépiter dans la cheminée, et l'odeur qui s'en dégageait.

    J'ai commençé très tôt à chanter, à la chorale de l'école.
    On me disait alors que j'avais une voix d'ange.
    Bien que je voulus en faire partie, mes parents qui la fréquentaient, me dirent que ce n'était pas possible de devenir l'un des enfants de choeur de l'église.
    Je fis alors contre mauvaise fortune, bon coeur, et continuais avec la chorale.

    Comme beaucoup, je pensais que j'allais changer de voix à l'adolescence, mais il n'en fut presque rien.

    Moi :
    - votre voix est magnifique, lui dis je, combien de fois n'ais je versé une larme en vous écoutant chanter.

    Elle revint me voir une deuxième fois.

    - Comme je vous l'ais dit, l'école se passait très bien.
    Je suis rentrée au collège sans problèmes, dans ma dixième année, et je dus alors prendre le bus, cet endroit étant situé à seize kilomètres de chez moi.
    C'est là, vers mes quatorze ans, que je tombais amoureuse pour le première fois.
    Il s'appelait Pierre et avait quinze ans.
    J'ai commencé à le regarder, et par la suite me suis enhardie à lui adresser la parole.
    De prime abord nous devîmes amis, et malgré toutes mes mimiques, jamais il ne me vit autrement.
    Véxée, oui, je le fus, et surtout un mur d'incompréhension.
    Qu'avais je fait, que se passait il, est ce que j'étais moche ?
    Vous savez, il s'en passe des questions dans une tête d'adolescente amoureuse.
    Etait ce le fait que j'étais toujours en pantalon ou habillée à la garçonne ?
    Un jour je décidais de m'habiller avec la plus belle robe de ma mère, que j'avais dès le matin mis dans mon cartable.
    Mais face à l'hilarité générale, je dus vite remettre mes habits habituels.
    L'amour était ce pour moi ?
    Je décidais alors de faire profil bas, et de ne me concentrer que sur mes études.

    Moi :
    - vous avez un diplome de médecine je crois .

    Emma :

    - oui, et c'est ainsi, en tenant ma distance que j'ai pû le réussir.
    Là vous comprenez, je suis devenue la bêcheuse, alors que j'étais plutôt la bucheuse.
    Je ne me liais guère d'amitié, et gardais en moi tout ce que j'étais.
    J'avais l'impression de déranger, de ne pas être à ma place.
    Je n'étais jamais moi. Peur de froisser, de poser trop d'intérogations, de choquer.
    Depuis l'affaire de la robe de ma mère, je n'arrivais plus à me trouver belle. Je me cachais dans de gros pulls amples.

    C'est lors de ma dernière année de médecine que j'ai rencontré Laure.

    Moi :
    - et vous l'avez gardée comme amie me semble t'il ?

    Emma :
    - oui c'est une amitié de trente ans.

    Elle revint une dernière fois.

    - Vous savez, ça fait du bien de parler, j'en avais grand besoin.
    - alors, pourquoi ne pas vouloir suivre une thérapie ?
    - Grâce à Laure, j'en ais suivis une, il y a trente ans.
    Elle m'a indiqué un bon thérapeute, celui qui selon elle était le plus apte à me comprendre.
    C'est cette thérapie qui m'a aidé a avancer, à comprendre qui j'étais vraiment au fond de moi.
    C'est grâce à celle ci que je me suis inscrite dans un cours de chant, et que j'ai débuté cette carrière que vous connaissez.
    C'est encore grâce à celle ci, que j'ai enfin sû tourner la page, et accepter les grands changements qui allaient survenir.
    j'ai commencé par suivre un traitement, afin que mon apparence physique change, et là je me suis acceptée. J'ai acheté une première robe, que j'ai regardé longtemps dans ma penderie avant de me décider à la porter.
    Et là, pas de quolibets, pas de moqueries. Mon apparence avait déjà évoluée, et je me sentis bien mieux dans ma peau.
    Ensuite, il ne m'a fallu pas moins de six opérations afin de vivre ma métamorphose totale.
    J'eus l'impression de sortir enfin de ma chrysalide.

    Moi :
    - vous ne parlez pas de vos parents, vous les voyez ?


    Emma :

    - Seule ma soeur Sabine est restée proche, ma mère je l'ai revu une seule fois, depuis mon arrivée à Paris pour mes études.
    J'avais commencé ma carrière de chanteuse, c'était il y a dix ans.
    Elle est arrivée à la gare, je l'attendais, et elle est passée droit devant moi, semblant chercher une personne dans la foule.
    Je suis allée à ma voiture, et l'ai appelée sur son portable.
    Elle est arrivée devant la porte passager, et quel ne fut son étonnement.
    - Non, non, c'est donc toi !
    Je ne veux plus jamais te voir, sors de mon existence, tu n'es pas mon enfant, non !

    Je n'utilisais comme prénom que les quatre premières lettres du mien.
    J'ai ensuite rencontré Guy, vous savez, l'homme avec lequel je vis depuis de longues années.
    Il fut mon premier amant, et je n'en eus point d'autre.
    Vous connaissez ma carrière, ma vie vous a été contée par les médias, mais personne ne sait la réalité, hormis mes proches.

    Mon prénom de naissance est Emmanuel.


     

     

     

     

     

     

     

     

     

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