-
Elle (nouvelle)
Ecrire mon histoire...
Je ne le peux plus...
Vous la conter, oui !
Il y a longtemps déjà, je sais maman que c'est sur une chanson d'Elvis Presley, et dans l'aronde de papa que j'ai été conçue.
Cet air m'est resté dans la tête mes trois premières années, tel une berceuse des temps modernes.
J'en parle, là maintenant, je n'ai su que lors de mon arrivée qui vous étiez.
Je fus enlevée à l'âge de 2 mois, par "maman", cette femme en manque de bébé.
Mon arrivée dans "ma famille" fut saluée avec plaisir, et je vécus dans l'harmonie jusqu'à l'arrivée de Fred.
Ma "maman", vivait seule lors de ma "capture", et retourna habiter chez ses parents lorsque j'eux six mois.
Jusqu'à mes trois ans, je fus choyée, gatée pourrie comme on disait à l'époque.
J'avais, je me rappelle, un cerceau à ma taille, et suçotais des roudoudous à longueur de journée.
Et vint Fred...
"maman" l'a rencontré lors du bal du 14 juillet, dans un village sis à 5 kilomêtres de là où l'on habitait.
Fred arriva un soir de juillet avec un paquet de bonbons à la main.
En octobre il emménageait chez nous.
Ma "maman", l'aimait tellement qu'elle se mis à m'oublier parfois.
Alors j'allais chez mamie Fine, et papi Auguste.
Là je m'amusait avec le chat, Matou, qu'ils l'appellaient.
Chez mamie Fine Il y avait toujours des galettes, et des bonbons caramels lutti, que j'adorais...
Et, vous vous souvenez, ces petites souris de caramel enrobées dans du chocolat noir ?
Je jouais joyeuse dans le jardin où papi faisait pousser des radis et des salades.
Parfois nous nous rendions au poulailler où je récoltais quelques oeufs, dont certains étaient encore tièdes.
Vous vous rendez compte, certains avaient deux jaunes au milieu, quand mamie les faisaient rissoler dans la poèle.
Je me rappelle encore des vieux livres du sélection du reader digest, dans la bibliothèque de la chambre où je dormais quelque fois chez mes grands parents.
C'était le bon temps, le temps du bonheur et de la joie.
Fred, je vous l'ai dit, est arrivé en octobre, petit à petit, il a pris ses marques dans la maison.
Ma "maman" a arrêté de travailler, Fred ne voulais pas qu'elle s'éloigne de la maison.
Un jour, après l'école, je suis allée jouer avec ma copine Cécile.
Je suis rentrée tard ce jour là, et Fred m'attendait derrière la porte.
Je reçus une grosse fessée déculottée et dus rester agenouillée pendant une heure à côté de la cheminée.
Je ne l'ai plus jamais regardé comme avant, désormais, il me faisait peur.
Je rentrais en douce, et faisait tout pour me faire oublier.
Le soir, lorsque j'entendais des cris et que ma "maman" se faisait taper, je me faisait toute petite, au fond de mon lit, sous mon édredon.
C'est là que j'ai vraiment connu la peur.
Un jour Fred s'est "trompé" de porte, et il est venu dans mon lit.
J'ai poussé un cri de douleur, j'ai appelé ma "maman", crié, et personne n'est venu.
Le lendemain, lorsqu'il est parti travaillé, ma "maman" m'a donné mes draps à laver dans une bassine avec une planche et une brosse. Il ne fallait pas que l'on voye le sang.
J'avais cinq ans...
L'âge où mes copines jouaient à la poupée,
L'âge où mes "grands parents" me préservaient de toute violence,
L'âge où mes camarades de classe étaient plus préoccupés par les billes et les voitures majorette, que par les fillettes de leur âge.
L'âge où je me couchais la peur au ventre, où je devins l'ombre de moi même.
L'âge ou ma "maman" se mis à me jalouser, à m'envier...
Il couchait avec moi, plus avec elle, et cela lui faisait de la peine uniquement parce qu'il ne la touchait plus.
De la petite fille, je suis devenue la chose.
Il tapait de plus en plus que ce soit sur moi ou sur "maman".
Je n'allais plus voir mes grands parents.
Le jour de mes six ans, je décidais de me rebiffer.
Je n'allais plus laisser passer cela.
Je pris un bout de bois, et lorsqu'il arriva dans ma chambre, je le tapais en premier.
Il me pris dans ses bras, me jetant sur le mur, une première fois, puis au sol.
Me lançant encore et encore sur le mur de ma chambre d'enfant.
Je sentis mes poumons se déchirer, mes os craquer.
Je vis le sang couler, je fus étourdie.
Je m'évanouis, et bizarrement, je suis en haut, je survole la scène, je n'habite plus mon corps...
Une dame m'attend, là, dans la lumière, elle me tend les bras avec beaucoup de douceur.
Un monsieur se tient là, juste derrière elle :
- Je suis ton papa...
Vous m'avez raconté tout, mon enlèvement, votre accident de voiture, avec l'aronde.
Vous aviez décidé de m'attendre dans le seul endroit où nous pouvions nous retrouver ainsi, tous les trois.
Tags : maman, faisait, age, fred, arrive
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Suivre le flux RSS des commentaires
Vous devez être connecté pour commenter